Introduction
  Les Ponts
  Les Ponts Habités
  Projets du 3è Millénaire
  Le pont habité vers un élément de projet urbain ?
  Conclusion
  Bibliographie
 
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Les Ponts Habités
 
1.3 ] Londres


Old London Bridge
Le Old London Bridge représente le meilleur exemple de pont habité mutlifonctionnel, associant des commerces, des habitations, une chapelle, des entrepôts et d’autres activités industrielles. Toutes ces activités ont vécu six cents ans, avant que le pont soit détruit, en 1823.
Depuis l’occupation des Romains, le site possédait des ponts en bois, c’est entre 1176 et 1209 que Peter (un aumônier) construisit le premier pont de pierres, ce fut le seul pont de Londres jusqu’en 1739. Sa plate-forme en pierres, qui reposait sur 20 arches, mesura jusqu’à 285 m. pour une largeur de 4,6 m. et une hauteur de 18,5 m.. La première maison répertoriée sur le pont date de 1201, puis une chapelle fut construite en hommage à St Thomas (convertie en 1737 en entrepôts et habitations).
Le pont subit diverses catastrophes : de nombreux d’incendies en 1213-1214, et en 1282, cinq arches furent détruites par le gel. Il fut reconstruit en 1300.
Le plus célèbre bâtiment dressé sur le pont fut sans doute la Maison Nonesuch, longue de sept arches, sa particularité est qu’elle fut préfabriquée en Hollande pour ensuite être convoyée jusqu’à Londres.
Progressivement, les habitations prirent places sur le pont, sans homogénéité aucune et, quand plus de quarante maisons furent détruites par les incendies de 1632-1633, elles furent reconstruites en 1645-1646, mais connurent une nouvelle fois le même sort en 1666 avec le grand incendie de Londres. Pour sa reconstruction, les autorités compétentes essayèrent de conserver, cette fois, une plus grande uniformité architecturale.
Le Old London Bridge exerça une forte influence à l’expansion de la ville, le pont encourageait le développement sur la rive nord, il jouait également un rôle symbolique important dans la vie de la cité. Il fut aussi la scène de nombreux épisodes historiques, comme la reconquête du Trône par Charles II en 1660.
Des plaintes sur l’instabilité du pont, son insécurité et les dangers de navigation qu’il suscitait, accentuée par des critiques sur son apparence en marge des ponts de l’époque, condamnèrent le Old London Bridge en 1823. Il fut remplacé par un nouveau pont de pierres de 5 arches.


1.4 ] Paris


La ville de Paris fut sans aucun doute la ville à posséder le plus grand nombre de ponts habités (une trentaine) en Europe entre le XIIè et le XVIIIè siècle. Une telle densité de ponts habités peut-être expliquée par deux phénomènes, l’un géographique, l’autre urbanistique. Les quatre principaux ponts — Pont au Change, Pont Notre-Dame, Pont Saint-Michel et le Pont Neuf — permettaient l’accès de l’Île de la Cité au centre et la rive gauche et droite du fleuve sur un point “pivot“ entre l’axe romain nord-sud et l’axe de navigation est-ouest. Géographiquement, la largeur du fleuve et la position de l’île étaient idéales pour de tels ponts, pas trop large comme à Londres ou Budapest, pas trop étroit comme à Amsterdam où la construction des ponts habités est compromise ou inutile. En ce qui concerne son développement urbain, Paris s’étendait en cercles concentriques à partir de l’île de la Cité, le fleuve et l’île étaient donc le point focal, contrairement aux villes comme Londres où le développement de la ville s’effectuait beaucoup plus rapidement d’un côté du fleuve. Les ponts habités répondaient aussi au souhait de la famille royale : contenir la ville dans ses fortifications.


Des stands de marché étaient montés sur les ponts parisiens dès le début du XIIè siècle et à partir du XVè siècle, le Pont Notre-Dame accueillaient des rangées régulières de magasins et d’habitations. Ce pont peut ainsi être considéré comme l’archétype des “pont-rues“ traditionnels rapidement imités par les autres ponts parisiens. Ces derniers privilégiaient bien plus l’aspect intérieur du pont, cette rue qui différait peu des rues implantées sur les deux rives du fleuve. Assez fréquemment les façades intérieures de ces ponts étaient couvertes de nouvelles décorations (permanentes ou temporaires), particulièrement lors de célébrations ou de victoires, traités de paix, naissances royales, couronnement, etc.. À l’inverse de ponts comme le Rialto à Venise, où la vue monumentale du pont vu du canal était favorisée, les ponts habités parisiens eux, étaient fait pour être admiré de l’intérieur des rues, faisant jusqu’ à oublier la présence du fleuve.
C’est certainement pour cette raison que les autorités aient voulu s’assurer que le Pont Neuf, commencé en 1578, ne possèdent pas de grosses structures mais de simples embrasures au-dessus des piliers pour les kiosques. En effet, un pont habité comme celui de Notre-Dame aurait présenté l’autorité royale, vue depuis le Louvre, encombrée d’un étalage désordonné de façades arrières, fenêtres, balcons et toilettes…
L’histoire des ponts habités à Paris est très complexe à cause des nombreuses transformations, dont celles des changements de noms, des destruction dûes aux inondations, des dommages causés par le feu, de la pression du trafic et des nombreuses reconstructions. Initialement construits en bois puis progressivement en pierres, les ponts habités de Paris ne connurent jamais le fer. C’est l’échec du projet de Gustave Eiffel, le pont d’Iéna en 1878. Alors qu’au même moment, le premier pont de fer de la ville, le Pont des Arts, était construit. Mais les ponts habités avaient été discrédités pour insalubrité, insécurité ou encore pour des motifs de nature esthétique.


Le Pont au Change


Le Pont au Change, 1639, qui traverse la Seine de la rive droite à l’Île de la Cité remplaça le Grand Pont, et fut dessiné par du Cerceau. Selon des directives royales de cette année, le pont devait garder une architecture contemporaine, les bâtiments sur le pont devaient tous être construits avec le même matériau, et de même hauteur.
Les deux rangées uniformes de maisons, comprenaient au rez-de-chaussée, des boutiques donnant sur la rue centrale, des balcons fermés sur la façade arrière, et les cuisines, en mezzanine au dessus des magasins, du côté du fleuve, étaient surmontées de 3 étages avec un grenier au 4ème étage.
Un édit de 1786 ordonna la démolition des habitations (il fut reconduit pendant deux ans) en hommage au plan urbain de Moreau des années 1760 : “le canal de la rivière entièrement libre, offrira le spectacle le plus vaste et le plus magnifique qu’on puisse trouver dans une grande ville“.
Le nom “Pont au Change“ fait référence aux fonctions des précédents ponts du même site, plus particulièrement le Grand Pont construit en 1141, celui où Louis VII ordonna aux agents de change d’y installer leurs échoppes.


Le Pont Notre Dame


Le Pont Notre Dame relie la rive droite de la Seine à l’Île de la Cité en amont du Pont au Change. Le premier projet de pont habité en 1414-1419, a été succédé par un autre entre 1500 et 1512.
Les deux ponts ont joué un rôle important à la vie de Paris. Le pont du XVè siècle prône tôt l’exemple d’une rue rectiligne avec la succession régulière d’éléments de façades se terminant par une arche triomphale, elle-même surplombée d’une corniche. Cette scénographie architecturale lui assura un aspect triomphal, certains évènements officiels y étaient même célébrés.
L’écroulement des maisons du pont en 1499 tua 4 ou 5 personnes, provoquant ainsi une révolte des parisiens contre les responsables de la maintenance de ces ponts, quelques-uns furent emprisonnés à vie. De Felin, Maître des œuvres de la Ville, fut chargé de la construction du deuxième pont. Ce pont de pierres, de 124 m. de long et 24 m. de large, supportait deux rangées de 34 maisons, avec au rez-de-chaussée, des magasins. Ces derniers paraissaient plus clairs que d’habitude, éclairés par une séquence ininterrompue de larges fenêtres d’égales dimensions, permettant ainsi une meilleure exposition des produits.
Une grande variété de produits était d’ailleurs vendu sur le pont, des peintures, des armes, des vêtements, des produits alimentaires, pharmaceutiques, des bijoux et des parfums.
Comme ses prédécesseurs, ce magnifique pont était fréquemment utilisé pour des cérémonies officielles. En 1660, à l’occasion de festivités pour l’arrivée triomphale de Louis XV et Marie-Thérèse, le pont fut re-décoré, les murs supportaient des paniers de fleurs et de fruits liés ensemble par des guirlandes et des médaillons représentant le Roi de France. L’effet de cérémonie était complété par la construction d’une arche triomphale par les frères Beaubrun.
Dans les années 1760, il fut décidé de démolir les bâtiments sur le pont, mais comme il était une source de revenue importante, sa destruction fut reportée jusqu’en 1786. Une fois “déshabillé“, le pont entrait dans la norme de la “raison“ et fut, pendant la Révolution Française, baptisé “pont de la Raison“.


Pont Neuf


Ce remarquable projet de Jaques I Androuet du Cerceau, architecte de Henri III, fut conçu aux environs de 1578 sur un site maintenant occupé par le Pont Neuf, à l’ouest de la pointe de l’Île de la Cité. Un nouveau pont fut demandé pour alléger la pression incessante du trafic sur le Pont au Change et le Pont Notre-Dame.
Plutôt que d’être une solution très précise pour ce site, les plans devaient être considérés comme un modèle reflétant la pensée et l’âge de l’architecte. Considérant que le Siècle des Lumières congédiait l’idée de pont habité, la “rue“ des ponts était alors considéré comme le format le plus noble pour décorer la ville à la fin du XVIè siècle. Pour le projet du Pont Neuf, on peut remarquer dans ses dessins l’influence du projet du Pont Notre-Dame, référence de du Cerceau. Mais il va plus loin dans ce projet en associant à la “rue“ du pont la notion nouvelle de place sur le pont. La combinaison de ces deux modèles urbain aurait pu être appliqué à l’ensemble de la ville, la transformant grâce à des séquences de tels ponts en métropole flottante, réminiscence de Venise ou de Bruges.
Le pont qui était à l’époque construit de part et d’autre des deux bras de la Seine aurait été conçu par du Cerceau et Des Illes. Le fils de du Cerceau, Baptiste, qui collaborait fréquemment avec son père et également Surintendant des Bâtiments, aurait aussi dessiné un pont, habité, pour le même site. La première pierre du Pont Neuf fut déposée par Henri III en 1578 mais son assassinat provoqua des querelles politiques interrompant la construction en 1589. Le pont fut finalement achevé sous Henri IV en 1606. Son pavement était innovant, comme son apparence classique, dépouillée de tout bâtiment.
Dans la tradition d’occuper les ponts, les parisiens installèrent sommairement de nombreuses échoppes, plus tard on leur donna une certaine “permanence“ en construisant des stands en pierres, malheureusement détruit dans les années 1850.
“Bientôt toutes les classes de la population se donnèrent rendez-vous sur le pont Neuf, qui devint la promenade la plus variée de Paris. C’était un pêle-mêle bigarré, remuant, grouillant, parlant, écriant, hurlant, un brouhaha souvent compliqué de batailles à coups de poing, de duels à coups d’épée.


Ces vers, empruntés à un poète de l’époque donnent une idée des milles bruits confus qui animaient le pont Neuf :
J’ai, monsieur, de fort bon remède,
Vous dit l’un ; mon baume est en aide
Au cours de ventre, au mal des yeux.
Mon elixir est merveilleux ;
Il blanchirait la peau du diable.
Cette chanson est agréabe,
Dit l’autre, monsieur, pour un sou !“

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arthur gential diplome d'architetcure, un pont habité à new york